lundi 26 avril 2010

Putain, un an...

Au hasard de deux pages internet, je découvre que les gens ont une habitude bizarre, celle de souhaiter un joyeux anniversaire à leur blog. Personnellement, je ne me souvenais pas franchement de la date de naissance du mien. Non, l'accouchement n'avait pas été franchement marquant, à vrai dire blogger et moi on avait fait ça sur un coup de tête; oh bien sur, je ne dirais pas qu'on était pas prêts, mais j'ai pas été forcément une bonne mère depuis.
Il y a eu moults dessins, peintures, trucs intéressants, trucs qui ont fait rire certaines personnes, trucs qui ont plu, et puis il y a eu aussi des périodes d'abandon, et puis des rechutes dans la lamentation cybernétique aiguë. J'ai pas exactement tenu toutes les promesses faites à sa naissance quoi, mais qui le fait? Si ç'avait été le cas, de toute façon, le pauvre blogounet n'aurait pas tenu la pression d'avoir une mère aussi parfaite ne lui laissant pas droit à l'erreur. Je vous laisse imaginer la crise, donc, au premier bug, s'il s'affiche mal sur l'écran d'un visiteur...

Donc, non, les anniversaires, c'est pas mon truc, à plus forte raison si je dois cherche des bougies virtuelles à afficher quelque part (y'a surement une application pour ça). Je me souviens de toute façon jamais des dates, je ne me dis jamais "ça fait un an que...". Il a fallu que je jette un oeil dans l'historique en me disant "tiens, et moi, ça fait combien de temps que j'entretiens ce truc?".

Et là, PAF! ça a fait (/des chocapic.../) un bon coup de vieux pour ma gueule. C'est bête et méchant, mais quand on se dit "tiens, ça fait un an", on évite pas quelques bilans. Au moins un ptit coup d'oeil en arrière.

Ca fait un an que j'ai commencé un nouveau blog, un bon moment après avoir fermé l'ancien pour cause de "c'est de passé tout ça" (le billet intitulé "ou pas" existait, en fait, mais n'a jamais été mis en ligne. Pas envie de faire culpabiliser la seule personne qui aurait compris). Tout récemment, j'ai pensé que celui-là aussi, il pourrait bien passer prochainement à la trappe du "c'est du passé tout ça" vu ce qui a pu avoir lieu depuis.
Il y a un an, j'étais encore à Lorient, étudiante en art, j'étais enfermée dans un studio bordélique où je m'ennuyais bien souvent à mourir faute d'en sortir ou d'y faire rentrer du monde. Je passais beaucoup de temps à glandouiller sur l'ordinateur pour parler avec des gens qui étaient loinloinloin. J'étais empêtrée dans des sentiments auxquels il était visible que je n'aurais pas de réponse (ou comme me l'avait annoncé un livre interrogé sur le sujet: "se nessuno ha risposto fin'ora, è segno che non c'è nessuno a casa". J'avais pas trop envie d'y croire). Le nombre de mes amis diminuait (une fois de plus) sans s'être franchement renouvelé. Je venais de passer mon stage d'appro bafa et attendais impatiemment mon diplôme tout beau tout chaud, sans savoir que la ddjs s'amuserait à mélanger les dates de naissance de toute la session et devrait donc m'en refaire un autre.

Depuis, je me suis débattue avec l'Administration pour partir en Autriche l'année suivante au lieu de rester dans une école où je ne me plaisais plus. Je me suis fait virer de ladite école. Je n'ai gardé presque aucun contact avec qui que ce soit, si on excepte deux ou trois sms. J'ai passé trois semaines à garder des chèvres en Italie. J'ai pris la résolution ferme d'arrêter mes études pour partir cueillir des olives en Grèce et animer des classes de découverte. Je me suis retrouvée inscrite contre ma volonté à des entretiens d'entrée pour des BTS privés d'arts graphiques dans la presqu'île de Lyon. Je me suis inscrite, bon gré mal gré, en fac de lettres, et en plus j'y suis réellement allée. J'ai fait une colo avec des gens trop cools et des gosses de riches, et un taux d'encadrement que je qualifierais aisément de superflu; et une autre avec une directrice horripilante, 140 gamins adorables, et pas assez d'anims. J'ai crié haut et fort que jamais je ne me plairais dans cette fac, une prophétie à la vérité fluctuante. Je me suis retrouvée accidentellement et temporairement de retour chez mes parents, et ce en plus au même moment que mon bien-aimé grand frère. J'ai découvert les joies des centres de loisirs, avec un public un peu moins calme que celui dont j'ai l'habitude. Et ça m'a couté un mois et demi de plâtre du bras droit (je suis bien sur droitière) par faute d'une sortie à la patinoire. Mes parents ont acheté une maison de campagne que l'on a pas le droit d'appeler comme ça parce que ça fait trop bourge d'avoir deux maisons. J'ai accumulé disputes en tous genres avec toute la famille, sauf le chat. J'ai fait la connaissance de plein de gens que je tentais régulièrement et méthodiquement de faire fuir. J'ai fait cinquante fois le même serment de ne plus m'attacher à personne, et je l'ai renié sans doute quarante neuf fois. J'ai eu des nausées à la seule idées de rentrer chez moi, des soirées à pleurer et des journées du lendemain en mode zombie où remonter un kilomètre et quelques à pieds me semblait une ascenscion insurmontable. J'ai atterri un peu par hasard en Cité U et toujours par hasard au milieu de l'étage le plus vivant des deux bâtiments; j'y ai découvert les joies des soirées crêpes une fois par semaine, la quantité d'alcool pouvant être ingérée par des auvergnats, le charme insoupçonnée de se retrouver à 20 dans une cuisine pour 6, j'en passe et des meilleurs. J'ai supporté une période des fêtes aussi déprimante que le sont toutes les périodes des fêtes pour moi. J'ai ri de bon coeur (voire gloussé) à un sms me souhaitant pour 2010 tout ce qui me manquait en 2009. J'ai décrété plus tard et à plusieurs reprises que ça me manquait en fait pas tant que ça. Je suis partie en vacances dans la nouvelle maison de mes parents que je n'ai finalement pas du tout aimée. J'ai découvert à quel point je sous-estimais le potentiel de l'Administration. J'ai découvert que c'est cool de faire ses comptes en ayant une colonne "+" à côté de la colonne "-". Je me suis retrouvée sans trop savoir comment à regarder un film minable et ultra-violent adapté d'un comics, dont le seul intérêt était peut-être de me cacher les yeux quand il y avait trop de sang et de bouts de cervelle qui giclaient. Je me suis retrouvée je ne savais trop comment à errer dans les rues de St Etienne à 6h du matin en pensant qu'il en était 7 et à trouver un réconfort inattendu dans le froid, le vide et le silence des rues. Je me suis forcée à sécher mes larmes pour aller au centre de loisirs alors que ma seule envie était de me pelotonner sous ma couette, pour me retrouver dix minutes plus tard avec un sourire jusqu'aux oreilles. J'ai promis (cette fois-là, ça devait être environ la trente-quatrième) de ne plus jamais avoir d'amis après une énième soirée décommandée au moment où j'en aurais le plus eu besoin. J'ai découvert le charme inattendu d'une semaine de colo avec des maternelles alors que j'avais juré que je n'en ferais jamais. J'ai passé des heures et des heures à m'arracher les cheveux et me décrocher la machoire sur des textes en français-Renaissance. J'ai mis plus de jupes en quelques mois qu'au cours des cinq dernières années. J'ai appris à faire des sushis. J'ai démontré une fois de plus à quel point je ne pouvais que fondre quand on était gentil avec moi. J'ai passé pas mal de nuits sans beaucoup dormir. J'ai du traverser une zone inconnue de St Etienne un dimanche sans plan et sans savoir par où passer en remâchant un joli discours que j'ai dû finir par avaler. J'ai fait sans m'en rendre compte des deuils longuement attendus. J'ai découvert que j'étais en anémie cinq jours avant de partir en colo avec des insomniaques. J'ai passé plusieurs heures à bavarder avec un parfait inconnu alors que j'étais censée me coucher tôt. J'ai appris à mettre en ligne les photos du séjour pour les parents inquiets qui nous ont confié leur bambin de quatorze ans. J'ai improvisé un mariage sous les chocapics au milieu du réfectoire.

Et je me dis avec tout ça que j'ai eu 19 ans, que d'ici le 19 septembre prochain tout porte à croire que j'aurai 20 ans, et que c'est pas si mal.

Voire vraiment fun.

lundi 5 avril 2010