Prenons les choses au second degré. Ironie et distance sont mes maitres mots, sans oublier une bonne dose d'auto-dérision. Mais avouez que la caf a un sens de l'humour bien particulier.
La caf de Vannes m'avait bien fait poiler avec son message d'accueil: "Bonjour. Pour continuer, appuyez sur *". Le répondeur automatique n'ayant pas pu apprécier la subtilité de ma réponse spontanée ("bof, non, pas trop envie finalement"), je me suis retrouvée à appuyer gentiment sur * pour passer en surtaxé et avoir droit à la suite du sketch. La voix automatique détaillant très lentement tous les choix possibles (je me demande très franchement s'il y a VRAIMENT des gens qui appellent la caf pour avoir droit au catalogue des prestations récité par un répondeur automatique en sélectionnant le choix 3), les minutes défilent et la bonne vieille devise "le temps, c'est de l'argent" n'est jamais aussi vraie que quand on est pendu au téléphone dans l'attente du bon choix.
Enfin, à force de pianoter sur les touches, j'arrive à obtenir le choix "parler à un technicien". Après quelques secondes d'attente, la gentille voix automatique précédée de sa musique censée être apaisante m'annonce que "tous les techniciens étant actuellement occupés, nous allons mettre fin à votre appel". Et je me retrouve à fixer d'un air ébahi mon téléphone portable me confirmant que non, je n'avais plus aucune communication en cours.
S'ensuit une longue mais tellement moins passionnante phase de démêlés avec les dossiers perdus ou oubliés au fin fond de la pile. Je finis par croire, pauvre innocente, que mon calvaire est terminé quand enfin, je fournis la dernière pièce manquante à mon dossier, la déclaration de revenus en ligne que je n'ai le droit de faire que lorsqu'ils ont traité tout le reste. Et j'attends avec confiance le courrier devant me confirmer la somme versée par la caf pour m'aider à me loger presque décemment, à condition que le respect de la vie privée ne soit pas considéré comme un critère essentiel de décence.
La confiance a des limites, au bout d'un mois et des poussières je m'impatiente impatiemment de recevoir les allocations attendues avec impatience (vous aurez compris l'idée). Je me permets donc de jeter un oeil sur le site internet, des fois que j'y trouve une copie d'une attestation de paiement hypothétique qui se serait glissée dans une des fissures du changement de statut de la poste et ne serait jamais arrivée à bon port, bref, ils me les paient ces aides au logement ou pas?
Votre situation ne nous permet pas de répondre à votre demande. Pour plus d'information, contactez-nous.
me répond gentiment le site internet. Et là mon être désespéré comprend qu'il va falloir ré-affronter les affres du "EN DIRECT AVEC VOTRE CAF AU : ".
Je m'arme de courage pour affronter bravement les temps d'attente interminable, et expose gentiment ma situation à la gentille conseillère. Très gentiment. On m'a déjà prévenu que la caf était en sous-effectif, qu'ils n'arrivent pas à traiter les dossiers à temps pour ça, qu'ils ne reçoivent leur budget annuel qu'après avoir passé six mois à s'endetter pour faire tourner le système bancaire, bref tout plein d'histoires que je n'ai pas vérifiées directement mais qui me semblent des excuses potentielles, si elles sont avérées, à quelques dysfonctionnements, et ce n'est pas la faute de la personne que j'ai au bout du fil. Je suis donc extrêmement compréhensive. Trop, peut-être. Les gens qui engueulent tout le monde au bout du fil, peut être que leur dossier est traité avant. Mais passons.
La gentille dame à qui je finis par pouvoir expliquer ma situation accepte gentiment de partir à la recherche de mon dossier, me laissant en tête-à-tête avec une petite musique d'attente aux notes tout aussi répétitives que ses paroles: "votre correspondant effectue des recherches dans votre dossier". Au bout d'un long, très long moment, je finis par me demander si mon dossier est réellement si complexe ou si c'est juste qu'ils n'ont jamais pris la peine d'enregistrer le message "votre correspondant est parti en pause café". Je développe peu à peu une aversion profonde pour les trois petites notes devant m'aider à patienter sans stress ni énervement, une idée aussi efficace que si l'on voulait faire écouter la Neuvième Symphonie à Alex De Large pour l'aider à se détendre.
Je suis mauvaise langue, la conseillère n'était pas partie en pause, elle a réussi à retrouver et consulter mon dossier en un temps record, si on le compare au temps nécessaire à la caf de Vannes pour remettre la main dessus et l'expédier (environ un mois). Elle m'informe donc aimablement que ledit dossier est complet. Chouette. Je sais que vous trépignez tous d'impatience à l'idée que vous allez enfin savoir par quel nouveau miracle la caf a réussi à déclarer qu'une étudiante sans ressources pour l'année 2008 et pour qui ses parents ne reçoivent plus d'allocation n'a pas droit aux aides au logement pour une chambre en cité U.
Moi aussi, je trépigne d'impatience. Je serai recontactée par un technicien caf au cours des prochaines 48h pour de plus amples informations.
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